Friday, February 7, 2014

    Dialogue asocial


    Dialogue asocial
    N. Lygeros

    - Quand cesseras-tu d’écouter ces chansons ?
    - Quand le monde deviendra réel.
    - Il ne changera pas.
    - Nous continuerons néanmoins à créer.
    - La société n’a que faire de cela.
    - Nous ne le faisons pas pour elle.
    - Pour qui alors ?
    - Pour l’humanité. Seulement pour l’humanité.
    - C’est une abstraction.
    - Cela ne signifie pas qu’elle soit un non sens.
    - C’est vrai mais est-ce utile ?
    - Qu’importe l’utile !
    - Mais alors ?
    - Le beau suffit !
    - A qui ?
    - Au vrai.
    - Comment peux-tu penser être dans le vrai ?
    - Car je n’appartiens pas à la societé du bonheur.
    - Il n’en existe pas d’autre.
    - Je le sais bien.
    - Je ne saisis pas ta question.
    - C’est celle de la résistance.
    - Contre qui ?
    - Le rire de dieu.
    - Tu es complètement ivre.
    - J’ai bu trop de silence.
    - Tu en as perdu la tête.
    - Mais pas la parole !
    - Qu’insinues-tu ?
    - Je pense qu’il devrait avoir des remords.
    - Pourquoi ?
    - Face au génocide.
    - Quel génocide ? Le temps efface tout.
    - Le temps n’efface rien, ce sont les gens qui oublient.
    - Ne parle pas de mémoire.
    - Car elle est interdite par la société ?
    - Prière de ne pas déranger...
    - Exactement !
    - Ne compte pas sur moi.
    - Tu seras condamné.
    - Je suis né ainsi. Condamné à vivre. Aussi je ne crains pas de vivre pour être condamné.